Si la différence de qualité de travail peut constituer un motif justifiant une différence de salaire entre deux salariés occupant le même emploi, encore faut-il que l'employeur ait pu apprécier leurs qualités professionnelles, ce qui n'est pas le cas au moment de l'embauche.
Le principe « à travail égal, salaire égal » oblige l'employeur à assurer une même rémunération aux salariés qui effectuent un même travail ou un travail de valeur égale. Il ne s'oppose pas, en revanche, à la faculté de l'employeur d'individualiser les salaires mais exige alors que cette individualisation tienne compte de critères objectifs, vérifiables et étrangers à tout motif discriminatoire.
En l'espèce, un salarié reprochait à son employeur d'en avoir embauché un autre à des conditions salariales bien plus favorables (échelon et rémunération supérieurs) pour exercer les mêmes fonctions. L'employeur justifiait cette disparité entre les deux salariés, d'une part, sur la différence de qualité de travail et, d'autre part, sur la différence de diplômes. La Cour de cassation écarte ces deux arguments.
En premier lieu, la Haute juridiction rappelle que les qualités professionnelles peuvent constituer un motif objectif justifiant une différence de traitement entre deux salariés occupant le même emploi (Cass. soc. 10 décembre 2008 n° 07-40.911). Mais elle précise également, pour la première fois à notre connaissance, que de tels éléments ne peuvent justifier une inégalité salariale dès l'embauche, à un moment où l'employeur n'a justement pas encore pu apprécier la qualité du travail du salarié nouvellement recruté.
La différence de diplômes ne pouvait pas non plus justifier, dans cette affaire, l'écart salarial entre les salariés dans la mesure où l'employeur n'avait pas apporté la preuve que la possession d'un diplôme spécifique attestait de connaissances particulières utiles à l'exercice de la fonction occupée (Cass. soc. 17 mars 2010 n° 08-43.088). En effet, le salarié recruté possédait certes un diplôme d'ingénieur supérieur à celui du demandeur, mais dont l'utilité pour occuper des fonctions essentiellement commerciales n'était pas démontrée. Au contraire, les juges du fond ont constaté que l'expérience acquise pendant plus de 20 ans par le salarié au sein de la société compensait très largement la différence de niveau de diplôme.